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Le Manifeste des 343, un roman graphique actuel

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À l’heure où l’État souhaite inscrire le droit à l’avortement dans la constitution, le roman graphique Le Manifeste des 343 d’Adeline Laffitte, Hélène Strag et Hervé Duphot est plus qu’au goût du jour.

Le Manifeste des 343 raconte le jour où tout a changé dans la lutte pour le droit à l’avortement. Il est le fruit de plusieurs volonté de ne pas laisser se poursuivre les avortements clandestins qui conduisent souvent à un drame. À l’époque, la société post-soixante-huitarde est encore rigide sur le plan sexuel. L’avortement est illégal et passible de prison.

Le Manifeste des 343

Le Mouvement de Libération des Femmes

Le 26 août 1970 des femmes s’avancent vers l’Arc de Triomphe afin de déposer des fleurs en hommage à la femme du soldat inconnu. « Désormais, il va falloir compter avec nous », s’exclament-elles. Le Mouvement de Libération des Femmes vient de naître. Sylvie tombe enceinte et doit se faire avorter clandestinement. Victime d’une hémorragie, Nicole, jeune documentaliste au Nouvel Observateur, l’emmène aux urgences. Préoccupée par le sort de Sylvie, Nicole décide que c’en est trop. Il faut agir. Elle va alors prendre fait et cause pour les femmes.

Les États Généraux de la Femme

Le 20 novembre 1970 se tiennent les États Généraux de la Femme. Les femmes du MLF font irruption dans l’assemblée et distribuent des questionnaires. « Quand vous êtes enceinte et que vous ne voulez pas garder votre enfant, préférez-vous ? Les aiguilles à tricoter ? La branche de vigne ? » Elles réclament ainsi un « avortement libre et gratuit » alors que Peyret souhaite un avortement thérapeutique qui ne va concerner qu’une poignée de femmes.

L’idée du manifeste

La situation sur l’avortement ne peut plus durer. C’est pourquoi il est décidé de rédiger une sorte de manifeste de femmes sur l’avortement. « Il faudrait des noms célèbres aussi, ça protégerait les autres femmes signataires des poursuites judiciaires. »

L’implication de Simone de Beauvoir

En janvier 1971, Simone de Beauvoir est sollicité pour être l’un des premières signataires du futur manifeste.

Un million de femmes se font avorter chaque année en France. Elle le font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées, alors que cette opération, pratiquée sous contrôle médical, est des plus simples. On fait le silence sur ces millions de femmes. Je déclare que je suis l’une d’elles, je déclare avoir avorté. De même que nous réclamons le libre accès aux moyens anticonceptionnels, nous réclamons l’avortement libre.

Simone de Beauvoir, janvier 1971.

En quelques semaines, des centaines de signatures sont recueillies. Des femmes célèbres et des anonymes, réunies dans ce même combat. On compte ainsi : Catherine Deneuve, Françoise Sagan, Delphine Seyrig, Micheline Presle, Gisèle Halimi, Bernadette Lafont, Jeanne Moreau, Marguerite Duras, Agnès Varda, Brigitte Fontaine, Ariane Mnouchkine ou encore Françoise Fabian.

La parution du Manifeste des 343

Les militantes féministes s’opposent à ce que la presse bourgeoise diffuse le manifeste. Cependant, c’est en passant par un journal national que la loi a des chances de changer. Après plusieurs réflexions, les militantes du MLF acceptent que Le Nouvel Observateur publie Le Manifeste à la condition qu’elles obtiennent un numéro spécial rien que pour elles.

Les conséquences du Manifeste des 343

Le 29 avril 1971, suite à la publication du Manifeste, la proposition de loi sur l’avortement par Peyret est abandonnée. L’Association nationale pour l’étude de l’avortement, l’ANEA, co-fondée par maître Anne-Marie Dourlen-Rollier, également avocate du Mouvement français pour le planning familial, rappelle que la société ne peut plus ignorer l’ampleur des drames vécues par les femmes qui avortent. L’avocate Gisèle Halimi défend et obtient l’acquittement de Marie-Claire Chevalier, jeune fille de 17 ans jugée pour avoir avorté après un viol. En 1973, 331 médecins déclarent avoir pratiqué des avortements et le Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception voit le jour. Les femmes apprennent elles-mêmes à pratiquer des avortements grâce à la méthode d’aspiration douce Karman.

Le Manifeste des 343 d’Adeline Laffitte, Hélène Strag et Hervé Duphot rappelle que les idées les plus simples changent parfois le cours des choses. Avec la montée des populismes de tout bord, le combat reste malgré tout encore d’actualité.

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