La bande dessinée de Mathieu Bablet, Shangri-La, a fait l’objet d’un BD-concert à la Maison des Étudiants de Poitiers. Les spectateurs, transportés sur la station USS Tianzhu, ont vécu une expérience unique entre bande dessinée et univers sonore. À la suite du spectacle, une séance de questions-réponses a eu lieu entre des spectacteurs et les membres du collectif Or Normes.
Pour le BD-concert du collectif Or Normes, les spectacteurs ont été comme plongés au cœur de la station spatiale USS Tianzhu dans laquelle vivent les protagonistes de la bande dessinée de Mathieu Bablet depuis que la planète Terre est inhospitalière. Les hommes ont le projet de coloniser la région la plus inhospitalière de Titan, Shangri-La, par une nouvelle espèce d’homme, l’homo stellaris.
Une scène de spectacle particulière
Dès son arrivée, les spectacteurs entrent par groupe de quinze dans la salle de spectacle de la Maison des Étudiants de Poitiers. Les écrans de projection sont disposés de telle manière à former un carré. À chaque coin, se tient une tourelle abritant un instrument de musique différent comme une batterie ou encore une guitare, et les techniciens son et image. Une fois au milieu de la scène, pour patienter, le public est invité à se connecter à Tianzhu-TV. Des autoctones sont là pour les assister et savoir si tout se passe bien. Puis un écran s’allume. La Terre apparaît, majestueuse, puis un vaisseau spatial traverse l’écran. Les passager regrettent que la planète Terre ne soit plus habitable. Pas de doute, les spectateurs sont bien entrés dans l’univers de Shangri-La. La musique vient accompagner la projection des images tantôt sur un seul, tantôt sur deux et tantôt sur les quatre écrans en simultanément.
Le dispositif du BD-concert
« Au départ, c’était un projet qui a été fait pour être debout, avec une jauge de participants. Le travail sonore et l’équilibre entre les voix, la musique et ce qu’on voudrait avoir comme sensation dépend du spectacteur. Ainsi, ce sera différent s’il est debout ou s’il est assis, comme on nous l’a demandé pour une représentation précédente. C’est ce qui fait qu’on a mis plus de boom boom, plus de musique et on a d’ailleurs constaté à la fin avec le tableau final. Un logiciel permet de poser le son en 360°. »
La volonté d’un spectacle immersif
Pour répondre à la question de comment on passe de cette bande dessinée qui est massive à un spectacle immersif. « À la lecture, c’est le côté récit-monde que propose Mathieu Bablet qui m’a tout de suite intéressée », explique la directrice artistique Christelle Derré. « Je trouvais qu’on entrait en 2018 d’une urgence écologique dont tout le monde se foutait et la façon dont Mathieu Bablet en parlait à l’époque n’était pas démagogique. J’avais envie de le traduire comme si nous-mêmes, nous devenions actants de la station de Tianzhu, où tout de suite est venue cette envie d’être au cœur de la station donc d’une proposition en 360° degré. Nous voulions proposer une expérience immersive mais pas individuelle. » Pour certains spectateurs, « le côté debout a renforcé le côté foule, peuple. Et le fait que certaines des voix soient atténuées par l’ambiance sonore rajoute au côté d’être tous renfermés dans cette station, où tout le monde est suffoquant et où les informations sont filtrées et refiltrées encore et encore, donnant cette impression d’être manipulés, on se sent dans l’ambiance ».
Le mariage de la musique et des images
Deux scènes clés ont fait sensation auprès des spectacteurs du BD-concert. « L’ambiance sonore était bien alignée sur cette partie-là. », déclare l’une des spectatrice. « D’un côté la scène était violente mais l’ambiance sonore nous a introduit la scène de manière à ce qu’elle ne soit pas trop violente pour qu’on puisse le supporter. Ça fait qu’on a été très touchés par la scène sans avoir été trop brutalisés. » Pour la scène finale un autre spectacteur remarque que le « le crescendo sur l’arpège de gratte fonctionne très bien avec la décomposition lente du vaisseau de Scott. Cela se retrouve aussi, quand on commence à avoir des images de bande dessinée mélangées à des images réelles de forêts qui brûlent, de détonation nucléaire. » Christelle Derré précise que l’apothéose arrive avec la phrase où le personnage du Docteur déclare : « Voici l’homme, voici la femme. L’homme est devenu Dieu. » À ce moment-là, c’est le départ de la première explosion et du parallèle bande dessinée et monde réel.
De la soirée BD-concert, les spectateurs retiendront une expérience immersive unique. Durant plus d’une heure, ils ont été transportés, immergés au cœur de l’univers de Shangri-La de Mathieu Bablet. Mieux, le collectif Or Normes a fait en sorte que les spectateurs soient acteurs du concert, tantôt en étant invités à suivre les informations sur leurs téléphones, tantôt à voter pour ou contre une décision qui affecte l’histoire. À noter que la musique a intégralement été composée pour le BD-concert.
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