Le harcèlement scolaire est un fléau. Longtemps ignoré, certaines voix s’élèvent. C’est le cas de Maxime Jouet qui a réalisé Je te faisais confiance. Le film est devenu un support pour alerter sur le phénomène.
La ligue de l’enseignement de la Vienne met en place un projet avec ses partenaires sur le harcèlement scolaire. Ateliers de sensibilisation au sein des établissement scolaires ou encore des évènements comme la projection débat autour du film Je te faisais confiance du réalisateur Maxime Jouet au Carré Bleu de Poitiers.
Du constat au court-métrage
« Le film est né d’un constat que j’ai fait au collège », explique Maxime Jouet, réalisateur télé. « J’ai été témoin de harcèlement mais à l’époque personne n’en parlait vraiment. J’ignorais ce que c’était. En grandissant, j’ai vu des scènes se reproduire sur de nouvelles personnes au lycée. J’ai vu l’impact que ça pouvait avoir et j’ai alors décidé de faire quelque chose. » C’est ainsi que le réalisateur de documentaires et de fictions a eu l’idée de réaliser le fim Je te faisais confiance. Avoir un témoin de harcèlement comme personnage principal n’est pas non plus anodin. « On parle souvent des victimes et des harceleurs mais on néglige les témoins qui sont tout aussi importants dans le harcèlement scolaire. » Maxime Jouet souligne que le public verra le film différemment selon qu’on a été victime, harceleur ou témoin. « Chacun va pouvoir se créer sa propre histoire et amener le débat qui suit. »
Une portée générale pour susciter le débat
L’IUT de Poitiers et le Lycée Nelson Mandela ont servi de décor au film, qui a nécessité quatre acteurs principaux et une centaine de figurants. « L’histoire se passe dans un ensemble scolaire. Ainsi qu’il soit collégien, lycéen ou étudiant, chacun va pouvoir s’identifier dans le film. L’idée était de ne pas cibler une catégorie pour donner au film une portée générale. » Ainsi, Maxime Jouet montre que le harcèlement est partout. « Il y en a tout le temps. Ça ne se fait pas seulement quand on est jeune. Il y en a aussi au travail. » L’avant-première du film Je te faisais confiance a eu lieu le 25 novembre dernier en comité réduit. Depuis, nous avons commencé une tournée dans toute la France, afin de « sensibiliser le plus de personnes possibles » au problème de harcèlement scolaire. « Ce soir, c’est un évènement uniquement pour la Ligue de l’enseignement », déclare Maxime Jouet. « Des associations, des professeurs, des directeurs d’établissement, des communautés d’agglomération ou encore des institutions nous contactent. Nous, nous faisons des évènements et nous essayons de venir avec un panel d’intervenants pour pouvoir répondre à toutes les questions. » Ce mercredi soir, le réalisateur était accompagné de trois acteurs, ainsi qu’une psychologue clinicienne, Élodie Benamghar, spécialisée dans les enfants et notamment les affaires de harcèlements scolaires, et un représentant des familles, Gille Paillier.
Le regard de la psychologue
« Au cabinet, en libéral, j’ai pas mal d’ados et même des enfants qui ont été victimes de harcèlement au primaire, au collège, au lycée et qui ont eu des conséquences psychologiques dans leur vie. J’ai beaucoup de harcelés que d’harceleurs », explique Élodie Benamghar. « J’ai été contactée par Maxime Jouet pour sensibiliser les jeunes et les parents sur les questions de harcèlement scolaire. » Elle avoue que la prise en charge a lieu bien des années plus tard. « Comment peut-on savoir que mon enfant est harcelé ? Quoi faire ? » sont des questions qui reviennent souvent. « Tout jeune a sa part de responsabilité car le harcèlement est aussi un phénomène groupal. Le harceleur a besoin de spectateurs pour pouvoir nourrir ce qu’il est en train de mettre en place. » Même si elle en reçoit peu, elle avoue que c’est intéressant d’avoir un harceleur en cabinet. « Il n’est pas rare de voir qu’il s’agit d’adolescents avec un manque d’empathie ou qui ont été eux-mêmes victimes de violences. D’autres ont aussi besoin de dominer l’autre pour se sentir plus grands. » Pour le harceleur, il s’agit souvent d’un jeu.
Une association pour aider les familles face au harcèlement scolaire
Guy Paillier est un ancien enseignant qui a été interpellé par des articles traitant d’incivilités. En 2010, il a décidé d’interpeller l’UDAF. « Quels sont les véritables problèmes que rencontrent les parents ? » C’est ainsi qu’il a créé l’association Université familiale à Châtellerault. « Le harcèlement scolaire touche tout le monde. Il n’y a pas de catégorie sociale concernée plus qu’une autre. » Pendant six ans, l’association a réfléchi à différents thèmes. La solution est venue des neurosciences et de l’empathie. « Nous avons construit des actions concrètes qui s’attachaient à un principe d’empathie pour comprendre ce qui se passait chez l’enfant harcelé. Nous avons découvert des solutions, nous en avons aussi créées. C’est ainsi que j’ai rencontré Maxime Jouet, qui venait de créer une vidéo sur le Sida. » Dès ses dix-sept ans, le réalisateur qu’il est devenu s’est attaché au harcèlement. De là est né le film Je te faisais confiance. Pour Gilles Paillier, c’est un formidable outil pédagogique pour sensibiliser les jeunes, les parents, les enseignants. « Au fond, qu’est-ce qui se joue comme rapport de force derrière le harcèlement scolaire ? »
La soirée de projection-débat a permis au public de découvrir le film Je te faisais confiance de Maxime Jouet. Chacun a pu échanger sur son ressenti ou son vécu autour du harcèlement scolaire. Il y a eu quelques témoignages forts dans le public. Le 4 mai 2022 aura lieu une conférence de Jean-Pierre Bellon, co-fondateur de la méthode de la préoccupation partagée, qui donne des outils pour agir contre le harcèlement scolaire, ainsi que des connaissances théoriques, psychologiques et scientifiques.
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