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Ces jours qui disparaissent ou la question du choix de vie

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Dans Ces jours qui disparaissent Lubin Maréchal, un jeune jongleur en herbe, s’aperçoit un beau matin qu’il ne vit plus qu’un jour sur deux. Un autre lui-même prend de plus en plus possession de son corps… Au-delà du récit fantastique, Timothé Le Boucher aborde la question du choix de vie. Qu’est-ce qui fait qu’à un moment quelqu’un choisit un mode de vie plutôt qu’un autre ?

« Je venais juste de sortir de l’école des beaux-arts d’Angoulême. J’avais déjà publié deux album à ce moment-là mais mon avenir était incertain car je ne savais pas si je devais continuer dans la bande dessinée ou si je devais me lancer dans un métier pragmatique. C’est ainsi que j’ai eu l’idée d’écrire Ces jours qui disparaissent. » (Timothé Le Boucher, un interview au Festival d’Angoulême en 2018*).

Ces jours qui disparaissent – Crédit photo : Timothé Le Boucher | Glénat.

La genèse du roman graphique

« Plein de gens me disaient que la BD n’était pas un vrai métier, que je ne pouvais pas vivre de ça et tout ça. C’est comme si à ce moment-là dans ma vie, j’avais deux avenirs qui se défilaient à l’horizon et que je devais un peu choisir. Et c’est là que j’ai eu l’idée d’un personnage qui vit un jour sur deux : l’un qui représenterait plutôt la vision idéaliste des choses et l’autre plutôt la vision pragmatique. C’est deux idéologies qui se confrontaient en fait. » Timothé Le Boucher résume le choix qui s’impose parfois à tout un chacun dans une vie, surtout en matière professionnelle. Doit-on écouter ses envies, ses idéaux au détriment d’une vie plus stable ?

L’accident par lequel tout commence

Lubin Maréchal est un jeune homme d’une vingtaine d’annnées. Le spectacle est sa passion. Il s’entraîne dur pour cela avec sa troupe d’amis. Lors d’une représentation, il tombe violemment sur la tête. Le lendemain, à son réveil, il s’aperçoit qu’il a dormi toute une journée. Son ami Léandre lui conseil d’aller voir un médecin car cela est certainement dû à sa chute. Le problème se répète. Lubin Maréchal constate qu’il ne vit plus qu’un jour sur deux.

Une histoire de double maléfique

Lubin Maréchal en est convaincu, un autre prend possession de son corps durant son absence. Sur les conseil d’un thérapeute, le jeune homme décide d’entamer la conversation avec son double mais petit à petit ce dernier prend de plus en plus sa place. Timothé Le Boucher l’affirme, son personnage n’est pas atteint de schizoprénie. Cela s’apparente davantage à un TDI, trouble dissociatif de l’identité. D’ailleurs « dans chaque spectacle, Lubin, le héros met en scène son propre double. C’est en quelque sorte un moyen de rappeler aux lecteurs l’échéance de l’album qui ne pouvait se terminer avec cette transformation-là. »

Un point de vue révélateur

Dans Ces jours qui disparaissent Timothé Le Boucher fait le choix de raconter son histoire à travers celle d’un Lubin Maréchal qui souhaite vivre une vie idéalisée, une vie de saltimbanque, une vie non planifiée. Le jeune homme ne vit que pour le spectacle au détriment du reste. Lorsque sa première petite amie, qui prépare une thèse, le quitte, il se réfugie dans les bras de Tamara, la compagne de son « double », militaire et qui se satisfait de vivre au jour le jour comme lui. Le lecteur ne sait rien de ce « double » qui fait le choix d’une vie plus pragmatique, qui range sa chambre, fait du tri dans ses papiers, passe une formation pour devenir développeur web, gagne de plus en plus d’argent, se mari et a un fils… a la vie de monsieur tout le monde.

Ces jours qui disparaissent et le temps qui passe

Toute la caractéristique de Ces jours qui disparaissent est de mettre le héros face à ces choix de vie. Curieusement, même si le lecteur ne voit pas la vie de son « double », il découvre que Lubin Maréchal finit par choisir une vie plus pragmatique. À chaque fois que le Lubin plus fantasque refait surface à des intervalles de plus en plus espacés, il constate que tout change autour de lui – sa maison, sa vie, ses proches, ses amis, ses amours – tandis que lui est toujours attaché à ses idéaux – sa passion pour le spectacle, son amitié fidèle pour son ami Léandre et son amour passionnel pour Tamara.

Une fin énigmatique

À la fin du roman graphique, Lubin Maréchal se réveille à nouveau et veut revoir ses amis… et Tamara. La domestique de son double, Céline, lui dit qu’elle peut l’aider en lui plaçant un casque de réalité virtuelle sur la tête. « Vous n’avez qu’à penser à la recherche que vous voulez effectuez », lui dit-elle. Lubin Maréchal se souvient alors avoir déjà mis un casque comme celui-ci. Si le lecteur s’en souvient, c’est lorsqu’il joue à un jeu vidéo avec son vieil ami Léandre quelques pages plus tôt. Ce dernier lui montre d’ailleurs qu’il « y a encore des petits bugs. Ça te sort un peu de l’immersion. Comme une réalité qui déconne ». Est-ce que la fin du roman graphique est la réalité ou une vision que se projette Lubin Maréchal ? Plusieurs indices donnent la réponse…

Avant 47 Cordes, Timothé Le Boucher s’est fait connaître grâce à son roman graphique intitulé Ces jours qui disparaissent. À l’époque, il se questionnait sur son avenir en tant qu’auteur de bande dessinée. Il a alors eu l’idée d’une histoire où son héros ne vivrait qu’un jour sur deux pour mieux questionner nos choix de vie. Comme le psy ou la domestique suggèrent à Lubin Maréchal ce qu’il doit penser, n’a-t-on pas des personnes qui nous orientent dans nos choix de vie : nos proches, nos amis, la société ?

Vous pouvez retrouver Timothé Le Boucher sur son compte Instagram.

* Interview de Timothé Le Boucher à Angoulême

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