Après La Traversé du temps (2006), Mamoru Hosoda sort en 2009 Summer Wars, une pépite de la japanimation. Au-delà d’une amourette entre deux adolescents sur fond de menace virtuelle/réelle, l’œuvre revisite le mythe de Frankenstein à travers l’IA Love Machine. Elle fait également planer la catastrophe nucléaire, toujours présente dans la tête des Japonais. Summer Wars diffuse malgré tout un message d’espoir, celui d’une communauté qui s’unit pour faire face à l’adversité.
Et si une amie, dont vous êtes secrètement amoureux, vous invitait à venir passer un week-end dans sa famille pour que vous jouiez le rôle de son petit ami ? C’est ce qu’il se passe pour le jeune Kenji Koiso, lorsque la belle Natsuki Shinohara lui demande un service. Alors qu’elle prétexte un besoin de main-d’œuvre supplémentaire pour les préparatifs de l’anniversaire de son arrière-grand-mère, il découvre qu’il doit jouer le petit ami pour sauver les apparences. Summer Wars dépasse cependant le côté mièvre d’une amourette entre deux adolescents. L’animé plonge les spectateurs dans une histoire où s’entremêlent tradition, modernité, monde réel et monde virtuel et dans laquelle la famille occupe une place de premier plan.
Summer Wars et le monde d’Oz
« Bienvenue dans le monde d’Oz. Oz est un monde virtuel dans lequel naviguent des millions d’internautes dans le monde entier. Vous pouvez y accéder facilement depuis votre ordinateur, votre téléphone portable ou bien au moyen de réseaux câblés. Nous vous invitons dès à présent à entrer dans le monde d’Oz. Pour vous joindre à notre communauté, commencez par créer votre avatar. Votre avatar est votre alter ego dans le monde d’Oz. Vous pouvez le personnaliser à votre goût. Choisissez ses accessoires, sa coiffure, donnez-lui l’apparence que vous désirez. Et voilà un ravissant avatar. Vos données personnelles sont protégées par le meilleur système de sécurité au monde. Offrez-vous un peu de détente et profitez du monde d’Oz. » Ainsi commencent les deux premières minutes du film d’animation Summer Wars. Oz est un monde virtuel où tout est possible, où tout ce qu’on peut vivre dans la vraie vie est possible dans le monde d’Oz et bien au-delà.
Frankenstein / Love Machine, le mythe de la créature qui échappe à son créateur
Mary Shelley écrit Frankenstein ou le mythe du Prométhée moderne qu’elle publie anonymement en 1818. Le roman raconte l’histoire du docteur Frankenstein, qui cherche à percer le mystère de la vie et va jusqu’à commettre le péché d’orgueil en donnant la vie à une créature, qu’il rejettera sitôt « née ». C’est en cela que le parallèle peut se faire avec Love Machine, l’intelligence artificielle qui prend le contrôle d’Oz. Wabisuke, l’oncle de Natsuki affirme qu’il l’a développée. « Je n’ai fait qu’une chose, c’est d’attribuer à cette machine la capacité d’accumuler des informations de vouloir savoir… Le désir d’apprendre en somme… » Tel le docteur Frankenstein aveuglé par sa soif de connaissance de la vie, Wabisuke a créé Love Machine parce qu’il voulait récupérer l’argent qu’il avait volé dix ans plus tôt à Sakae. Quant à l’intelligence artificielle, « elle obéit à son instinct fondamental et amasse les comptes à travers le monde entier… faisant ainsi provision d’informations et de privilèges à son seul profit ».
La catastrophe nucléaire plane sur Summer Wars
Dans Summer Wars, une opération banale, c’est-à-dire le rapatriement sur Terre de la sonde spatiale Arawashi, va se transformer en une véritable menace dès l’instant où Love Machine s’empare des comptes utilisateurs d’Oz. L’IA identifie alors les centrales nucléaires du monde entier et compte lancer la sonde Arawashi sur l’une d’elles. Le spectre des deux bombes nucléaires d’Hiroshima et Nagasaki hantent encore les esprits des Japonais. Le compte à rebours est alors lancé. « Un objet d’un mètre de diamètre entrant dans l’atmosphère à une vitesse de 7 Km/s a la force d’une météorite ou d’un missile. Si elle détruit un réacteur nucléaire et qu’il y a des retombées radioactives… les dégâts seront considérables. »
L’union fait la force des causes perdues
Summer Wars, c’est la lutte pour la survie, lorsque l’IA Love Machine menace de projeter la sonde spatiale Arawashi sur l’une des 500 centrales nucléaires disséminée sur Terre. « L’origine de tout ce chaos, c’est le vol des comptes. Il faudrait mieux trouver un moyen efficace pour les récupérer ! », explique Kenji. Il établit alors le plan de battre Love Machine au hanafuda, un jeu de hasard. L’enjeu, ce seront les comptes des utilisateurs. Et c’est à Natsuki de jouer car elle est imbattable. « C’est vos vies à tous… que j’aurai entre les mains ! » Elle commence par mettre les comptes de sa famille en jeu. Tout semble lui sourire ; Natsuki récupère des comptes mais à trente minutes avant la fin du compte à rebours, c’est le coup fatal. Natsuki n’a plus assez de comptes pour relancer le jeu ; Love Machine l’a battue. « Vous n’avez plus assez de comptes pour pouvoir miser », s’entend-elle dire. Alors que la partie semble perdue, un petit avatar apparaît et la supplie d’utiliser son compte. Des milliers d’avatars se joignent à lui et lui font la même requête. Les gardiens d’Oz lui confèrent à ce moment-là un porte-bonheur rare à Natsuki qui gagne en niveau. Elle est parée pour la manche finale contre Love Machine.
En 2009, Summer Wars aborde le thème du monde virtuel et de sa communauté. Il pose les jalons des prémices de notre monde actuel, où les réseaux sociaux ont pris une place importante. Ils sont un aller-retour entre le virtuel et le réel. Chaque action dans le virtuel peut avoir une incidence dans le réel. Il avertit sur notre monde trop connecté en lui opposant les valeurs de tradition et de famille, d’unité. Derrière le monde d’Oz, on ne peut s’empêcher de voir le Métaverse, récemment mis en place. Kenji termine en disant que « ce n’est pas dans le monde d’Oz que nous construirons demain mais ici, dans la réalité ».
Summer Wars est un voyage dans le monde virtuel et dans le monde réel, où la tradition et la modernité s’entremêlent pour une livrer une histoire dynamique et pleine d’espoir. La bande annonce de l’animé est disponible sur la chaîne de Kazé.
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