Parmi les nombreux laboratoires que possèdent l’université de Poitiers, il en est un qui suscite la curiosité des petits comme des grands, qui s’empressent de le visiter lors de la semaine de la science. Ce laboratoire, c’est celui de paléontologie : Palevoprim.
Situé au troisième étage du bâtiment B35 de l’université de Poitiers, sur le campus Recteur Pineau, le laboratoire Palevoprim est dirigé par Jean-Renaud Boisserie, paléontologue et chercheur au CNRS. Il est appuyé par Franck Guy, paléoanthropologue et chercheur au CNRS. L’équipe, composée d’une trentaine de personnes permanentes ou en contrat court, travaille sur de nombreux projets en lien avec l’évolution du vivant.
Palevoprim, un laboratoire de paléontologie
« Palevoprim, l’acronyme pour Paléontologie, Évolution, Paléoécosystèmes et Paléoprimatologie, est un laboratoire de paléontologie qui travaille sur la vie du passé, sur l’histoire évolutive du vivant d’une manière générale. Il s’agit d’une unité mixte de recherche car il appartient à l’université de Poitiers et au CNRS », explique Jean-Renaud Boisserie. Le laboratoire développe ses propres recherches mais il collabore aussi sur des recherches émanant d’autres structures. Les chercheurs sont également amenés à se déplacer sur des sites de fouilles disséminés un peu partout dans le monde.
Les primates et leurs environnements
« Nous étudions les écosystèmes fossiles qui ont hébergé l’évolution des primates au sens large. Les primates constituent un groupe extrêmement riche de mammifères qui apparaît il y a une cinquantaine de millions d’années dans le registre fossile. Nous travaillons sur des sites à primates très anciens mais également sur des sites plus récents qui documentent l’évolution humaine. Nous prenons en compte tout le contexte du vivant de ces primates », poursuit Jean-Renaud Boisserie. « Les primates sont une composante d’un écosystème. En revanche, étudier les primates sans les autres éléments de ce système revient à étudier l’univers en ne s’occupant que des planètes sans se préoccuper des étoiles », explique Franck Guy.
Étudier le passé pour appréhender le futur
« Typiquement la paléontologie est une science qui donne l’impression de ne servir à rien. Nous étudions des êtres qui sont morts il y a plusieurs millions d’années auparavant mais la paléontologie, et d’autres sciences avec elle, contribue à comprendre la place de l’humanité dans l’univers parmi les éléments, la géologie, le climat etc. », fait remarquer Jean-Renaud Boisserie. « L’homme s’insère dans l’histoire de la vie sur Terre. Il a une origine commune avec les autres êtres vivants mais en tant que paléontologues, nous étudions également les extinctions et la manière dont le vivant répond à tous ces phénomènes comme le changement climatique, thème cher à nos sociétés depuis quelques années… »
Jean-Renaud Boisserie précise que « la différence entre la paléontologie et l’archéologie tient du fait que la première s’intéresse à l’aspect biologique, à l’évolution des êtres vivants dans le passé, tandis que la seconde étudie les cultures humaines, les productions de l’humanité ». Les deux disciplines sont complémentaires mais c’est le cas pour de nombreuses disciplines, puisque la paléontologie est par essence interdisciplinaire. Elle regroupe la biologie, la géologie, la physique et bien d’autres domaines universitaires. « On essaie souvent de nous faire croire que la science et la recherche ont des trajectoires individuelles mais la recherche est un réseau mondial de personnes qui collaborent les unes avec les autres. La diversité fait la force de la recherche », conclue Franck Guy.
Découvrir le laboratoire Palevoprim, c’est mettre le pied dans un domaine qui s’intéresse à l’évolution des êtres vivants dans sa globalité. Jean-Renaud Boisserie et Franck Guy sont unanimes : « Le cœur de la recherche, c’est la collaboration et non la compétition. Ici la lutte pour la survie n’a pas de sens. On ne peut pas tirer le meilleur des chercheurs en les mettant en compétition comme on peut le faire pour des entreprises car ce serait privilégier certaines études au détriment d’autres. Si on n’entretient pas un tissu de recherches riche, diversifié et dynamique dans son ensemble, on casse l’arme principale qu’a l’humanité pour envisager son futur ».
Retrouvez-les sur leur page Facebook et leur site web.
Évaluez notre article
Note moyenne 5 / 5. Nombre de vote : 2
Il n'y a pas encore de vote !