Les Filles de Salem est une bande dessinée de Thomas Gilbert. L’histoire reprend le tristement célèbre jugement des « sorcières » de Salem, victimes du fanatisme religieux au XVIIe siècle.
« Salem », ce nom seul fait trembler, rappelle des souvenirs terribles, fait froid dans le dos. Il est le théâtre de phénomènes étranges. On y parle de démons, de sortilèges, de sorcières mais aussi de fanatisme religieux, d’esprit de revanche, de chasse aux sorcières. Les Filles de Salem retrace l’histoire d’Abigail Hobbs qui a tristement fini au bout d’une corde…
La place de la femme
Les Filles de Salem s’articule autour d’une problématique qui transparaît tout au long de l’histoire : la femme et sa place dans la société. À ses treize ans, la mère d’Abigail l’emmène à l’assemblée des femmes où une vieille, après l’avoir examinée, lui dit qu’« elle doit savoir quelle est sa place dorénavant ». L’entrée dans l’âge adulte, ou l’arrivée des premières règles, la fait basculer dans la honte et la peur du regard des hommes…
Quelques clins d’œil
Pour un lecteur averti, difficile de ne pas voir un clin d’œil au film The Witch dans la scène montrant les « sorcières » de Salem dansant avec le bouc noir puis s’envolant nues dans les airs. Abigail Hobbs préfigure aussi une autre femme accusée de sorcellerie au XVIIIe siècle dans le comté de Glaris en Suisse : Anna Göldin. Elle ne sera réhabilitée en qu’en 2008.
Les Filles de Salem et la peur de l’autre, le crédo du fanatisme religieux
Les Filles de Salem mettent surtout en avant la peur de l’autre. Dans une petite bourgade du XVIIe siècle en prise aux difficultés, l’homme d’Église prend souvent l’ascendant sur sa communauté. Il se transforme alors en véritable bourreau monstrueux. Lors du procès, le révérend Parrish ordonne à une pauvre jeune fille de se mettre à nue pour qu’il l’examine. Le moindre grain de beauté sur sa peau est alors qualifié de marque du Malin. Un pauvre paysan lui amène un porcelet. « Il est possédé par le démon », s’écrit-il en voyant le sexe de l’animal en érection. Il accuse aussi sa propre fille de sorcellerie sur dénonciation d’un villageois. « Tous ensemble, éradiquons le mal de ce village ! Nous allons être le bras de la Justice. Enfermons toutes les personnes accusées ! », vérocifère-t-il.
La sentence du juge Samuel Sewall
Le juge Samuel Sewall est envoyé par les hautes instances pour mener le procès et tirer ses propres conclusion. Le révérend Parrish lui fait cependant peur et lui inspire cette pensée aux allures de sentence : « Ce que j’ai vu… C’est un village comme un corps sec et aride. Il est bien seul. Renfermé sur lui-même, la haine le ronge petit à petit. Il ne voit pas qu’ainsi il se détourne de la paix. Il se met alors en mouvement. Dans sa solitude et sa faim irrépressible, il commence à s’auto-dévorer. Nourri par ses fantasmes, son dégoût de soi le pousse même à l’autophagie. Voilà le fillage gonflé, son corps boursouflé. Une bête de haine. Il se remplit peu à peu. Puis toute cette rage déborde, emportant les membres les plus faibles. »
L’histoire d’Abigail Hobbs, racontée dans Les Filles de Salem, au-delà d’une histoire de chasse aux sorcières, rappelle la place de la femme jeune, belle et surtout indépendante qui fait peur dans une société gangrénée par le fanatisme religieux. Et si le vrai démon était en vérité le révérend Parrish, l’homme d’Église à la source du mal… Le fanatique religieux a ceci de vrai : il ne supporte pas que l’autre soit différent de lui…
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