Skip to main content

Lenny, la créature étrange de la BD d’Aurélien Maury

Facebook
LinkedIn
Email

Oh, Lenny est une bande dessinée d’Aurélien Maury qui parle d’une amitié entre June, une jeune femme, et Lenny, une créature quelque peut étrange. Si la bande dessinée paraît sous certains aspects un peu « surprenante », elle n’en demeure pas moins inintéressante. Nous avons essayé d’en savoir davantage auprès de son auteur.

Bonjour Aurélien Maury, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

« Je suis auteur de bande dessinée. J’ai publié 4 albums : Le dernier cosmonaute, Egg, Achevé d’imprimer et Oh, Lenny, ainsi qu’une poignée de livres illustrés jeunesse. J’ai également cofondé la maison d’édition Tanibis qui édite mes albums. »

Lenny
June et Lenny s’enfuyant vers la cabane. Illustration : Aurélien Maury.

En concevant Oh, Lenny, quelles étaient vos intentions ?

« Pour Oh, Lenny, au départ je voulais aborder une histoire courte de genre horrifique et comique, il me semble, avec un couple, une île et une créature inconnue qui s’immiscerait entre eux. Les premières versions n’étaient pas au point. Il m’a fallu travailler beaucoup pour creuser les personnages, leur donner une vraie épaisseur et rendre l’histoire plus intéressante et plus sensible. Je n’étais pas contre le fait qu’elle s’émancipe un peu du cadre du récit de genre qui était le point de départ. Il y a eu plusieurs faux départs et remodelages du scénario. J’ai d’aillers été accompagné par mon éditeur qui a joué les script-doctor. L’aspect « comédie » a ainsi été réduit à quelques situations et quelques répliques. Le projet a donc pris beaucoup d’ampleur, un peu comme la créature dans le livre finalement ! »

Diriez-vous que la créature met mal à l’aise ?

« On peut éprouver du malaise à l’égard de la créature de par son aspect rebutant de prime abord. Elle est d’un genre inconnu. On ne sait trop ce qu’elle est ni d’où elle vient et encore moins ce qu’elle cherche… Je voulais qu’elle soit d’un aspect informe, grotesque, surtout au début. L’idée était qu’on ne puisse pas trop la rapprocher d’un animal précis. Il fallait qu’elle inspire un mélange de répulsion et d’empathie. Je me suis peu documenté, mais j’ai regardé quand même un peu du côté des requins, des raies manta, des pieuvres, des rats glabres et des blobfish. Les gens me disent qu’elle ressemble à une grosse dinde déplumée avec des tentacules et ça me va très bien. Mais je crois que le véritable malaise naît de l’évolution de la relation entre elle et June, la protagoniste qui recueille la bête. »

Le lien entre June et Lenny s’apparente-t-il à une relation toxique ?

« June aime les animaux, tous les animaux, les chats, les chiens mais aussi ceux qui font moins l’unanimité comme les serpents, les animaux errants, les mal en points… En cela, elle n’éprouve, elle, aucune répulsion vis-à-vis de la créature dès le départ. Elle perçoit surtout qu’elle a besoin d’elle. Mais sans doute est-ce réciproque. Ça, c’est plus souterrain… Pourtant June ne s’en rend pas compte. Ce lien ambivalent entre elle et la bête va être à l’origine de son émancipation d’un mode de vie qui ne lui convient plus : le conformisme consumériste classe moyenne aisée auprès de son mari Brad. Mais paradoxalement à mesure qu’elle semble se libérer, l’emprise de la créature se renforce… Elle en devient très dépendante, à ses risques et périls. On peut penser à une relation avec un amant violent, à la toxicomanie, à l’alcoolisme ou d’autres dépendances… Ce sont des interprétations possibles mais le récit, je l’espère, ne se réduit pas à ces analogies. C’est d’abord un récit fantastique qui nous parle de comment une jeune femme voit sa vie bouleversée par sa rencontre avec une bête sauvage. »

La fin est ouverte, qu’avez-vous à nous en dire ?

« Pour moi, la fin est ouverte. Ce n’est surtout pas une morale car je n’aime pas dire au lecteur ce qui est bien ou mal. D’un côté, on peut la trouver très sombre mais de l’autre, la fin ménage un espoir, une sorte de ‘ retour à la nature ‘. Je laisse les lecteurs en décider. Moi, je ne veux surtout pas juger ce personnage. Je m’efforce de la comprendre et de l’accompagner dans sa trajectoire étrange… »

Évaluez notre article

Note moyenne 5 / 5. Nombre de vote : 1

Il n'y a pas encore de vote !