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Avec Lebensborn Isabelle Maroger remonte son passé

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Lebensborn est le roman graphique d’Isabelle Maroger. Il est né d’une anecdote dans un bus, alors qu’elle était avec son bébé. Une femme le voyant avait prononcé ces mots : « Blond aux yeux bleus, c’est que ça devient rare comme race ». Choquée par ces propos, l’autrice a alors voulu parler de l’histoire de sa mère.

Tout commence par internet

« J’ai toujours su que ma mère était née en Norvège… », déclare Isabelle Maroger, l’autrice de la bande dessinée Lebensborn. En 1998, avec l’arrivé d’internet, sa mère, Katherine, entreprend des recherches sur sa naissance. Elle apprend qu’elle est née dans un Lebensborn à Hurdal en 1944 et que son père était un soldat allemand. Gerd Anita Sjöholm était le nom de cette jeune fille qui était donc venue finir sa grossesse dans cette maternité particulière. Après être tombée enceinte de Paul, un soldat allemand, probablement un soir de nouvel an, la jeune fille avait choisi de terminer sa maternité dans un Lebensborn, sur les conseil de son soldat allemand.

Lebensborn - Isabelle Maroger
Lebensborn – Crédit illustration : Isabelle Maroger

L’histoire de Gerda et d’Annelise, du Lebensborn à la France

« En septembre 1944, pendant qu’Annelies Frank est déportée dans le camp de Bergen-Belsen, une Annelise naît dans un manoir en Norvège. » Gerda ne savaient rien des plans du Lebensborn, cependant elle constatait que des bébés disparaissaient. En panique, elle a alors écrit une lettre de détresse à sa plus jeune sœur. C’est ainsi qu’une évasion du Lebensborn eut lieu durant une promenade au bord du lac. Comme elle ne pouvait pas rester chez ses parents, Gerda fut envoyée dans une ferme voisine. « Les enfants de  » Lebensborn  » étaient devenus les parias de la société. Placés en instituts ou maltraités. Personne ne voulait en entendre parler. » Annelise a donc été adoptée par un couple de Français « qui avait perdu sa fille de 6 ans d’une méningite quelques années auparavant ». Son prénom change alors d’Annelise à Katherine.

Des retrouvailles familiales

Au fur et à mesure, la mère d’Isabelle Maroger s’est donc découvert une nouvelle famille. Elle se découvre un frère, Arne, et une sœur, Lisbeth, plus jeunes qu’elle. Pour ce qui est de sa mère Gerda, elle est hélas décédée quelques années plus tôt. Kathernie finit d’ailleurs par découvrir que celle-ci s’est suicidée, un soir de nouvel an. En ce qui concerne Paul, son père, elle finit par prendre contact avec lui mais les retrouvailles sont froides et il n’y aura pas de lendemain.

L’avenir, Arsène

Le 31 décembre 2013, l’autrice donne naissance à son fils, Arsène. « Soixante-dix ans après le grand bal nazi de 1943. Vingt ans après le saut de ma grand-mère. Il remet de la vie instantanément dans cette date. » En 2023, un peu comme pour boucler la boucle, Isabelle Maroger entreprend de réaliser son roman graphique Lebensborn destiné à raconter l’histoire de sa mère. Avec son fils, alors âgé de 10 ans, elle décide également de visiter le Lebensborn, devenu alors un établissement scolaire.

Quelques mots sur le Lebensborn, le projet de la race aryenne

« Pendant que des juifs étaient exterminés dans des camps, des aryens naissaient dans des maternités nazies scandinaves : dépeuplement – repeuplement ! » Le terme « lebensborn » est un néologisme qui provient de « Leben » : « vie » + « Born » : « fontaine/source en allemand ancien ». 400 000 soldats allemands se trouvaient en Norvège durant la Seconde Guerre mondiale. « Leur vraie mission (qu’on a su plus tard) était de vivre une, voire des amourettes, avec de jeunes Norvégiennes racialement valables selon Hitler. » Le but était ainsi de « fabriquer des enfants aryens et [de] les ramener à la nation ». Les femmes enceintes devaient suivre toute une batterie de tests pseudo-scientifiques pour vérifier si elles étaient « racialement valables ».

Lire Lebensborn, c’est donc découvrir une période longtemps secrète de la Seconde Guerre mondiale et prendre connaissance du projet de l’émergence de la race aryenne voulue par l’Allemagne nazie à travers une histoire familiale. Le roman graphique ne tombe jamais dans le pathos. Au fur et à mesure des pages, lecteurs et lectrices en apprennent plus sur le récit de vie de la mère d’Isabelle Maroger et sur l’histoire de sa grand-mère.

Pour aller plus loin, l’émission Billet retour un consacré un dossier sur les Lebensborn.

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